Fenêtre sur l’Himalaya –
Namasté une fois de plus !
Plus de visa, on repart du Népal. C’est le retour en Inde, mais bon, il ne faut pas déconner, on part à la montagne.
Direction Manali dans la région de l’Himachal Pradesh. L’article est vraiment long alors n’attendons plus.
Le 18 novembre, nous quittons Flock après un bol de nouilles chinoises chaudes offertes par Peter (voir article précèdent).
On a passé la nuit dans la salle commune et à 5h du matin, le taxi passe nous prendre pour nous emmener à l’autre bout de la ville à l’arrêt de bus. Il est à 6h , en fait, il est en retard, ce sera 7. On a le temps de partir se balader, car juste en face de ce vieux parking en terre battue, il y a de magnifiques temples.
Je ne suis pas sûre, mais je crois que c’est ça le Monkey Temple. En-tout-cas, on médite devant une immense statue de Bouddha dorée alors que l’aube se dégage. Nous avançons parmi les petits temples en tournant les moulins de prières. Des prières, on en a pleins, mais je crois que Bouddha ne les a pas encore entendues.
On tombe à un moment devant un petit bâtiment qui contient uniquement un immense moulin de prière. On le pousse à deux, il est terriblement lourd.
Ax part se balader dans les hauteurs, il prend même le pari de courir jusqu’en haut. Il y va et filme.
Je reste en bas, je mange un cookie devant le lever de soleil. Au bout d’un moment, je m’ennuie un peu, je commence l’ascension. Je m’arrête très vite pour observer tous les singes qui se réveillent. Un homme vient les nourrir et ils se précipitent vers le tas de nourriture. Les bébés sont accrochés sous le ventre de leur maman et sont absolument adorables.
Je les regarde pendant une vingtaine de minutes. L’un d’eux s’accroche à ma jambe environ deux secondes, se replace au sol comme s’il avait rebondi sur moi avant de me regarder surpris de sa propre action.
Ax arrive en courant et me dit qu’on doit aller au bus. Okay on y va !
Premier bus, on demande, ce n’est pas lui, mais le conducteur nous indique celui en face. On y va, le conducteur nous indique celui d’où l’on vient. On y retourne en expliquant la situation, il nous assure de nouveau que c’est l’autre. Après plusieurs aller-retour et demandes aux passants, personne ne sait.
Hum, j’espère qu’on ne l’a pas loupé…
À un moment, tandis que l’on stresse, un bus orange bondé nous crie “où allez vous ?”
On crie “Delhi “, car il est quand même un peu loin de là où on se trouve. Il nous dit “montez, c’est nous “. On escalade un talus, mes pieds s’enfoncent dans la terre sèche. On en a plein les pieds, nous sommes évidemment en sandales.
On apprendra par la suite qu’il faut envoyer un texto au contrôleur pour dire où venir te chercher. On n’a pas Internet donc on n’aurait pas pu. Je ne sais pas comment il a fait pour nous voir, mais heureusement qu’il était là ce monsieur. C’est toujours un miracle, l’Inde ou le Népal. Rien n’est organisé, mais eux arrivent toujours à s’y retrouver et comme ici, parfois même, s’y retrouvent à votre place.
On est à bord, pfiou nous voici rassurés !
On part en périple en direction de New Delhi. 16h de bus au programme, une nuit sur New Delhi, une attente de 7h avant de reprendre un bus de 13h en direction de notre destination : Manali !
Mais reprenons depuis le début, car ce trajet ne fut pas de tout repos.
Le bus était musicalement intéressant, presque jamais de pauses sur les sons népalais qui inondent chaque recoin de notes entraînantes, de quoi péter aisément un câble, mais nous, on est nostalgique de ce genre de moment. La clim un peu trop souvent allumée que l’on tentait de combler grâce aux plaids mis à disposition (j’ai tremblé plus d’une fois dans les bus indiens et népalais).
On roule depuis plusieurs heures, on ne vomit pas heureusement et aux alentours de 13h, on s’arrête.
Petite pause repas, mais surtout petite pause mécanique car sorti de nulle part, un gamin se met en mode travaux sur le bus. Les travaux durent quand même une à deux heures, mais bon, on est tous assis au sol, abrités du soleil donc on s’en sort super bien. Le mécano semble avoir 12 ans, mais vu mes compétences en mécanique inexistante, je préfère lui faire confiance. On commence à discuter avec des Népalais qui font le trajet avec nous. L’un d’eux est d’une famille de sherpas. Ils sont trois et partent à New Delhi pour obtenir des papiers dans l’espoir de partir travailler en Roumanie. On discute bien avec eux et on dîne même ensemble le soir. On rigole bien dans ce vieux boui-boui avec des momos de piètre qualité. Il fait nuit, on roule bien même si bon après autant de temps, on a le corps un peu cassé. On nous avait un peu teasé, mais on n’avait rien compris et on était loin de se douter que nous allions nous retrouver expulsés temporairement du bus.
On nous a brièvement dit au repas que le passage à la frontière serait particulier. On pensait que ce serait pour tout le bus. Et non, pas de bol, juste pour nous. L’épisode que je vais raconter reste toujours une sorte de bulle étrange même après 5 mois.
Nous arrivons à la frontière. L’assistant du conducteur (qui est celui qui nous a repéré sur le parking le matin et qui nous a permis d’avoir le bus), est celui avec lequel nous communiquons depuis le début. Je ne sais pas si le conducteur parle anglais. Il nous dit d’aller dehors sur un ton pressé. On ne comprend rien, je me lève, je demande des explications et on nous dit qu’on ne peut pas traverser, car le chauffeur n’a pas de permis spécial pour conduire des étrangers (des blancs concrètement) dans son bus. Okay bon, ça fait 15h qu’on est dans son bus, on aurait pu nous donner le plan en amont quand même. Je me lève et je pars en argumentation, pour la première fois de ce voyage, je suis calme dans une situation d’urgence et je suis fière de moi pour ça.
Je commence à argumenter, à exiger qu’il me donne une carte d’identité ou son téléphone ou qu’il vienne avec moi, car hors de question qu’il m’abandonne sur le bord de la route. Il s’impatiente, me dit que tout va bien se passer. Je reste calme et ferme. Ax lui, pour la première fois justement, suit le mouvement et me dit qu’ »on y va, c’est bon, pas besoin de débattre ». On inverse les rôles, on dirait.
Je finis par descendre en le suivant et on espère qu’on ne va pas nous abandonner dans un champ. On se fait récupérer en sortant du bus par un monsieur qui connaît l’assistant du conducteur. Il nous guide au passage de frontière. On fait la queue avec un couple de Polonais qui arrive au Népal, un couple d’Argentins qui arrivent aussi tandis que nous partons. On commence à discuter tous ensemble mais surtout avec les argentins car les polonais finissent par se dire qu’ils reviendront demain au vu du monde. Des mamies de 90 ans essayent sournoisement de nous doubler, et même s’il faut respecter les aînés, j’ai peur que le bus soit déjà loin sans nous. Après 1h, on finit par atteindre le bureau, un tampon en 5 sec et on repart. Tout ça pour ça.
On repart ! Enfin, c’est ce que l’on croyait, car même si dans notre tête, on est dans Pékin express, on monte dans une espèce de pousse-pousse tirés par un Indien qui semble un peu fébrile. Je suis au comble de la gêne de me faire tirer par un inconnu à vélo à 3h du matin, et c’est loin d’être fini. On passe la frontière certes, mais la première seulement. Maintenant, qu’on a dépassé le no man’s land de l’entrée-sortie du Népal, il reste l’entrée en Inde. On monte en voiture avec un autre inconnu qui ne paye pas de mine. On commence à rouler. D’ailleurs, c’est la frontière la plus animée que j’ai vue surtout en pleine nuit. On se rend compte que les portières sont verrouillé. Je devrais avoir peur, mais bizarrement en Inde, j’ai tellement l’habitude que je reste sereine. Alexandre, lui, ne semble pas aussi serein. On descend quelques minutes plus loin pour le second tampon. Je vois le chauffeur de la voiture cracher du sang et je commence à suer. J’ignore, je tamponne le passeport rapidement, car on nous fait passer devant tout le monde. On remonte en voiture et je commence à me questionner sur la drogue que prend ce monsieur qui nous conduit. On s’enfonce dans le noir, dans les champs et on quitte peu à peu la civilisation, tellement que l’on arrive sur une route déserte. Pourtant, on n’en avait jamais vu en Inde.
On commence à flipper à ce moment-là (ça devrait faire 1h, mais on est long à la détente et l’Inde, c’est tellement particulier, vous comprendrez en y allant). On se dit qu’on va se faire kidnapper, je pense au sang qu’il crache, je regarde la nuit noire par la vitre et honnêtement, j’ai eu peur de ne plus jamais ressortir. Cela a duré 5 min (on aurait dit 1h n’est ce pas ?). Il se gare, je descends et devant nous, nos potes du bus. Le bus s’était garé à l’écart pour pouvoir nous récupérer. On monte à bord, l’assistant du conducteur vient nous demander si tout s’est bien passé. Ça a l’air d’être une aventure régulière pour lui, pour nous, c’était confus et flippant.
On est heureux d’être à bord et de repartir. On est soulagés, tellement soulagés. On débriefe rapidement avec Ax et on laisse tout ça derrière nous, on ne parlera pas avant un moment. Durant le débrief, j’apprends que le mec en pousse-pousse a essayé de lui voler sa banane avec ses papiers pendant qu’il lui passait derrière. Et bien…
Nous arrivons à New Delhi le midi après s’être endormis dans le bus. Je cours aux toilettes de la gare à contrecœur, car je sais que je vais avoir envie de vomir (à cause de l’odeur) . J’arrive et en effet, c’est tendu. J’ai mon sac sur le dos, je ne veux pas le poser, c’est parti en squat bien chargé (car ici, c’est toilettes turques comme d’hab, yes). Je vous épargne les détails, mais j’ai glissé et je me suis éclatée la joue contre le mur dans une petite glissade. Le mur m’a refilé une maladie qui se déclarera dans 10 ans. Aucun doute là dessus.
On essaye de partir à l’hôtel maintenant. On dit au revoir à nos potes. On trouve sur Internet et on regarde l’adresse. On prend un tuk-tuk qui se perd donc il veut plus d’argent. On est souvent bloqué dans les bouchons. Je ne me suis jamais sentie aussi mal à l’aise qu’ici. Cette ville, c’est… je n’ai pas les mots. Les énormes bœufs au milieu des routes, le trafic, les gens, tout est démultiplié aussi. La couche de pollution rend le ciel brumeux, je suis en sueur, on avait la sensation que la ville s’asphyxiait. Il fait chaud, mais surtout, on me regarde tellement mal (c’est la première fois en Inde). On m’a prévenu en Inde que cela arriverait, je suis passé au travers pendant le mois dans le sud, les mentalités ne sont pas les mêmes et ça se sent. Je commence à me sentir oppressé comme jamais auparavant (je pensais avoir touché le maximum, mais non, on n’arrête pas le progrès), à tel point que je mets mon paréo autour de mon visage. On ne voit que mes yeux, je me sens de trop, Ax lui est en short, et même si on le regarde un peu, ça ne dérange personne. D’un côté, le tissu évite les odeurs et la pollution, mais comme je ne sais pas le mettre, ça ne tient pas très bien. On finit par arriver à l’hôtel. Je ne vous raconte pas notre état.
Le hall est vide, une table de billard, de la poussière, des sièges cachés dans un coin sombre. Dans la rue : des animaux partout, des déchets, de la poussières et des enfants qui jouent dans la misère. Ax rentre et je me souviendrai toujours, il a dit “oh ça a l’air pas trop mal”. Je crois qu’il comparait à la rue, car je lui ai répondu “on dirait un lieu abandonné, mais oui, on peut dire ça comme ça”.
Le patron du guichet arrive et il nous dit qu’il n’a pas de chambre ici. On le regarde décontenancé, “comment ça pas de chambre ? On a déjà réservé.” . Ah encore une arnaque à l’Indienne de laquelle on n’arrive pas à se dépatouiller. Il est mal à l’aise, car il sait qu’il essaye de nous arnaquer pour nous emmener dans un autre hôtel plus cher en payant son taxi à lui. On reste 45 min sur place à négocier malgré l’épuisement de la route. On demander à annuler, on appelle le patron pour obtenir le remboursement, on attend la preuve booking du remboursement et on cherche un autre lieu. On repart en tuk-tuk donc on perd encore de l’argent et ça fait beaucoup de péripéties en si peu de temps. On arrive dans un autre hôtel qui existe heureusement et où ils sont super sympas. On se pose en chambre, pas super propre, mais ça fait assez l’affaire pour qu’on ne se plaigne pas. On est juste content de se laver.
On commence à manger dans l’hôtel, car on a plus aucune énergie pour sortir. Le mec oublie la moitié de notre commande et ce n’était vraiment pas terrible. On a même plus l’énergie de se plaindre alors on s’est endormi comme ça.
On check-out à 11h, on mange dans un petit resto et les uttapam étaient superbes. Puis on rejoint le Starbucks en tuk-tuk car on a 8h à attendre. On y va ! Il y a des prises, à boire, à manger, une banque et on est pas loin du bus du soir. Je n’avais jamais vu une tasse aussi grande que celle que j’ai bu. Starbucks est un bon choix. On fait un stock de nourriture (de bêtises surtout) pour le bus histoire de ne pas se flinguer et 8h plus tard, on part en direction du bus. On se fait déposer en tuk-tuk devant une charrette, on ne comprend pas, mais on est en Inde alors (haussement d’épaules). On demande aux autres personnes où se trouve le bus dans cet espace où se trouve un marché au bord de la route. On demande à plusieurs personnes, car on est trop dubitatifs pour croire la première réponse, mais on se résout à accepter que l’arrêt de bus soit la charrette en question. J’attends donc sur la charrette. Le bus est en retard, ça fait déjà 1h qu’on est là et on attend en se demandant si on ne l’a pas loupé.
Finalement, non, il est juste sur le parking qui n’était pas du tout la charrette, mais comme il est super en retard, on ne le loupe pas finalement. Aussi, parce qu’un monsieur était chargé de nous diriger à chaque bus.
Il est grand, il est moelleux et on part enfin à la montagne. On discute beaucoup avec Ax dans le bus, c’est super intéressant. On s’endort, la route passe, il boit du thé à un comptoir de bord de route à 4h du matin. Je passe les deux heures qui suivent à avoir envie d’aller aux toilettes. Le chauffeur me dépose et je ne me rends pas compte que nous sommes à notre destination. Je suis sur une route surélevée et les toilettes sont sur le parking en contrebas. Je commence à courir, au point que je ne vois même pas que je suis au cœur des montagnes. J’escalade en descente, le monsieur ne me fait même pas payer, soit, car à 6 h, c’est gratuit soit, car il a vu ma tête et il a préféré me laisser faire. Je ressors, je sens le froid que j’avais complètement ignoré la première fois, je prends connaissance des montagnes autour de moi et surtout, je remonte pour attraper le bus qui n’est plus là. Je commence à m’arrêter, je fais demi-tour, je cherche Alexandre sur le parking en me disant qu’ils font peut-être une pause aussi. Je ne le trouve pas, je commence à l’appeler et j’avoue, j’ai un petit stress qui monte. Finalement, je le vois dans une voiture qui m’appelle depuis la fenêtre. Je ne comprends rien. Je monte et il m’explique qu’en fait, on est à Manali et que le chauffeur est le jeune homme envoyé par Sarkar (le monsieur qui nous loue l’Airbnb) pour nous déposer à la maison.
On arrive, on voit le soleil qui se lève sur les montagnes. La maison est mignonne, mais il va falloir s’installer, car on est là pour au moins deux mois. On ne se pose même pas malgré la fatigue, nous partons directement en courses. On commence à découvrir le petit village, on voit des yacks, mais on n’est pas encore sûr de ce qu’on en pense, en revanche, ils sont imposants et on est quand même impressionné. On passe devant Hadimba Temple, clairement notre repère dans le village.
On trouve un petit supermarché en contrebas, un peu dangereux de marcher sur la route et surtout, nous sommes les seuls. On entend la rumeur d’un “shortcut” (un raccourci) et on se met en quête. Ça nous a pris au moins une semaine, personne n’indiquait la même chose tout simplement, car il y en a pleins. On remonte du supermarché vers 16h, on pose les stocks et on fait une “sieste” qui a duré 14h. Le lendemain matin, c’est reparti pour le travail, j’ai du taffe à finir et on continue Studio Yack.
La suite de l’article va être un pêle-mêle de notre quotidien et quelques épisodes importants de notre séjour. Je ne peux pas vous retracer deux mois jours par jours de mémoire et cela ne serait pas pertinent.
Tout d’abord l’un des acteurs majeurs de mes journées, c’est Salopette. Salopette, c’est la petite vache qui vit dans le champ en bas de chez nous. On peut l’approcher, car elle n’est pas entourée par une barrière, mais elle est attachée avec une corde autour de son cou à un arbre. La longueur de la corde ne me plais pas trop. Elle avait un peu faim, car il n’y avait pas assez a brouté donc j’allais lui déposer des légumes (du chou notamment). Ça lui faisait plaisir, elle avait l’habitude de me voir et je pouvais même parfois la caresser. Elle m’a bien donné le sourire et j’étais trop contente de la voir chaque jour et encore plus quand elle arrivait à s’enfuir de la corde et qu’elle pouvait vadrouiller.
D’autres éléments dans le cadre sont générateurs de bonheur comme le soleil qui nous réveille le matin et la vue merveilleuse sur les montagnes, la petite terrasse dehors ou l’on travaille avec le calme de la campagne et le soleil, la petite couverture chauffante que l’on nous a donné à la fin du premier mois et qui nous a sauvés, car quand même après 15h, on était continuellement en hypothermie. On était bien même si beaucoup de froid, deux mois, c’était un peu long et bon, on tournait en rond sur la fin.
Nouveauté aussi pendant ces deux mois, nous avons commencé la salle de sport 3 ou 4 fois par semaine. Il fallait que l’on descende la vallée pour l’atteindre donc ça nous faisait double dose de sport avec l’immense escalier du raccourci. On progresse petit à petit, moi, c’est la première fois que je vais à la salle, mais ça se passe super bien, à 11h il n’y a personne. Ce sont des moments super sympas, on descend la vallée sous le soleil, on repart plein de dopamine.
La salle de sport : 📌
On a beaucoup travaillé ces deux derniers mois. On a d’abord essayé de faire décoller studio yack, mais on a abandonné au moins d’un mois. Ax a débuté Clap. Moi, en attendant, je cherche un plan pour aller travailler en Australie. Bon, nous sommes actuellement en France donc ce plan n’a pas fonctionné. Il s’avère que sans le permis et sans véhicule, c’est quasiment mission impossible. On abandonne, mais on commence à se questionner. On est passé par plusieurs pistes comme partir au Japon, rentrer, l’Australie et finalement on choisi le Vietnam, mais nous finirons par atteindre le Japon dans notre vie, ce n’est qu’une question de temps.
n nous On a fait quelques petites sorties lors de nos deux mois à la montagne. Notamment deux sorties en scooter et une activité que j’attendais impatiemment. No spoil, je vous raconte le scooter et on y revient par la suite.
La première sortie, nous avons été tellement heureux de rouler qu’on a fait que ça de la journée. On roulait avec le vent, la vue sur les montagnes, on a exploré depuis la route jusque assez loin de la maison. On s’est fait stopper par un barrage policier qui barrait la route pour présence de verglas. On a dû redescendre et on s’est arrêté dans un petit restaurant un peu crade, mais on a super bien mangé. À chaque fois, je repense à ce que tonton Cédric nous a dit “s’il y a du monde et surtout des locaux dedans, allez y les yeux fermés”. On suit cette règle depuis le début et ça fonctionne vraiment. On a mangé des super fried rice et des aloo paratha de folie (des petites crêpes huiles et fourré de pomme de terre, un régal).
On a continué notre balade, on avait des courbatures partout à force de conduire.
On s’est dirigé vers une forêt, j’ai mis une musique qui était épique, enfin même plusieurs, celles de Joe Hisaishi. Les grands pins autour de nous nous font nous sentir minuscules et le soleil qui passe à travers les arbres donne un aspect merveilleux à la forêt (le mot Komorebi désigne parfaitement ce mood (ce mot japonais désigne la lumière du soleil qui filtre à travers les feuilles des arbres)). Nous apercevons des villages en contrebas dans la vallée et des parapentistes qui traversent le ciel. Sur la route, nous tombons sur un temple bouddhiste avec des décors magnifiques. On le visite. Nous voulions nous rendre dans une forêt que l’on nous a recommandée, car elle était vraiment belle. On se rend compte que le soleil devient bas, on est loin (2h de la maison au moins) et on se dit qu’il faudrait que l’on reparte. On s’arrête pour manger un snack, je n’avais jamais fait autant de route juste pour un snack qui existe en bas du Airbnb. Cependant, le décor et le moment rendent ce moment vraiment mémorable. En-tout-cas, je suis assise au soleil sur des chaises prêtées par le monsieur du magasin. Nous repartons en fin de journée, on se retrouve à conduire la nuit, mais tout se passe bien. Enfin, je rentre presque dans une voiture stationnée, mais ça se passe bien. On passe chercher des légumes pour les deux prochaines semaines en se disant que ça nous évitera de les porter en montée le lendemain. On a voulu éviter un passant en remontant la côte et on s’est pété la gueule dans un trou immense. Petit accident, mais on n’a rien eu de cassé. On a quand même failli salement percuté un vieux monsieur qui essayait de nous aider, comme on n’avait pas éteint le scooter, Ax a dérapé sur la poignet et il est parti en avant en direction du monsieur. Il s’est décalé et le trou a un peu retenu le véhicule heureusement.
On a fini par revenir et Ax a été rendre le scooter.
La seconde sortie était trois semaines plus tard et nous sommes reparti en mission pour découvrir les montagnes. Il faisait vraiment très très très froid. Le nombre de titres n’est pas assez conséquent pour le froid qu’il faisait. Nous sommes partis un peu tard. La première fois vers 8h et là plutôt vers 9h/9h30. On a récupéré le scooter, on est parti sous le soleil, roulant pendant un moment, mais en hypothermie en bout d’une seconde. On a commencé à avoir extrêmement faim et on s’est arrêté devant un tunnel dans un petit restaurant où nous avons mangé des pizzas. Vu que cela faisait au moins deux mois que nous n’en avions pas mangé, on était heureux de constater quelles étaient bonnes. J’ai aussi couru pour aller chercher des brownies qui étaient plus chers que ce que le mec m’avait dit. Ils n’étaient pas top, mais tant pis.
On repart et on traverse le tunnel. On continue d’avancer dans la montagne, la route est incroyable, le décor est digne d’un film clairement. Nous sommes dans les virages qui sont bordés de falaises rocheuses. On commence à avoir tellement froid que l’on s’arrête dans un tout petit café niché dans la montagne. On y rentre et un groupe de dames indiennes sont tranquillement en train de boire du thé. Elles nous regardent pas mal, car elles doivent rarement voir deux jeunes touristes européens dans ce coin-là. Elles rigolent un peu avec nous quand elles nous voient frigorifiés tout en attendant notre thé. On boit avec vue sur la montagne en souriant avec les petites dames. À la fin, on leur propose une photo et cette photo est adorable. Je n’ai pas les 5 sur la photo, mais rien n’empêche, c’était trop mignon.
Nous repartons et nous tombons sur un monastère en haut de la montagne. On se gare, on commence à grimper les marches dans la roche pour atteindre le monastère. Tout le long de la marche, les drapeaux de prières tibétaines nous accompagnent. C’est vraiment trop beau. On sent l’aura autour de nous. On continue de grimper. Quelques petits ruisseaux parcourent le chemin et le bruit de l’eau est apaisant. Nous arrivons en haut, il n’y a pas grand-chose en haut, mais le bâtiment est joli, la vue est incroyable et nous commençons à explorer. Nous y sommes restés une bonne demi-heure. On redescend, car la nuit commence à tomber. Nous repartons et le vent est si froid que nos mains commencent à être douloureuses donc on décide de faire une nouvelle pause au même café. Une autre petite dame est dedans, autour d’un petit chauffage central. On la rejoint, on se met en cercle avec la proprio et la dame du début se met à nous passer des petites cacahuètes entières. On épluche les petites cacahuètes et on se réchauffe de nouveau avec le thé et le chauffage. On ne veut plus repartir tellement on sait qu’on va souffrir du vent dehors.
On alterne la conduite pour préserver nos mains et à 30min de la maison, avant le tunnel, le voyant du niveau d’essence s’allume. Ça y est, on a plus d’essence et aucune station autour. On essaye de trouver de l’aide, mais rien. Okay on est en réserve, on n’y connaît rien donc on ne sait pas combien de temps cela dure. Selon Google, on se dit qu’on pourra rentrer à la maison. On enchaîne la route, heureusement, on est en pente en descente et on n’utilise même pas d’essence pour descendre, le scooter avance tout seul dans les bouchons. Il fait nuit, je suis notre progression jusqu’à la station essence sur Google maps avec un peu d’inquietude de devoir pousser le scooter en pente la nuit entre les camions bloqués dans le trafic. On arrive à atteindre la station, Eduardo le scooter est le meilleur. On dépose de nouveau le scooter au loueur avec un peu de retard et nous rentrons se mettre au chaud après ce froid paralysant. Quelle épreuve, mais c’était super et on a ri pendant tout le trajet en encourageant le scooter.
La dernière chose que nous avons faite de folle était juste avant de partir au Vietnam. Un lundi, je m’ennuie un peu et Ax ne travaille pas encore. Nous sommes au soleil et on discute du Vietnam et du programme. D’un coup, je le regarde et je lui dis “on n’irait pas faire du parapente ?”. Il est chaud, mais on doute, car nous n’avons rien préparé, rien réservé et nous n’avons aucune idée de quoi faire. On repère une agence et ni une ni deux, on part en ville. L’agence une n’existe pas, la deux non plus, mais sur la route, on en voit une autre. On s’y arrête, on nous dit qu’on doit prendre un bus, prendre une jeep et aller sauter du haut de la montagne. On nous donne le prix, c’est okay. Je pars retirer l’argent, car c’est son cadeau d’anniversaire qu’on attendait depuis des mois. Ça devait être au Népal, mais tant qu’on est dans l’Himalaya, le contrat est rempli.
On part prendre le bus, j’ai des crampes depuis le matin, mais ça ne me décourage pas. Nous montons dans le bus, on s’assied devant, la petite musique est super sympa et les petits bibelots du bus se balancent en rythme. Le trajet est sympathique, dure environ 30min, j’adore la vie indienne dans le bus. On descend, on rencontre l’équipe du parapente. Des mecs grave chill qui nous font monter en jeep avec tout le matos des parapentes. On adore le mood de partir entre potes avec les parapentes pour sauter. J’avoue que même si je suis à l’initiative de ce périple, j’ai un mini stresse masqué au début par de l’excitation puis par la nausée qu’on a tous les deux lors du trajet en jeep qui secoue énormément. On arrive, on se fait déposer et la bim en deux secondes, j’ai un casque sur la tête, un harnais autour de moi avec un siège pour l’atterrissage accroché qui me fait galérer à marche, on dirait que je porte une couche. On attend et un quart d’heure après avoir vu pas mal de gens sauter, c’est notre tour. Ax part en premier, je ne veux pas qu’il me voie me péter la gueule si je me loupe. Je pourrais penser le contraire et vouloir qu’il soit fier, mais je suis quelqu’un qui sent vite la honte. Quand je tombe en rando, le premier réflexe que j’ai est de lever les yeux vers lui et de vérifier qu’il ne m’ait pas vu. Je n’assume rien, rien du tout et surtout pas les chutes.
Il s’envole, c’est beau de le voir partir. Moi, le mec me stresse, il me dit de me préparer à courir. J’avoue qu’avec mon cardio de nouveau-né, je panique de me foirer et vu mon talent, je me dis que je vais glisser. Finalement, tout se passe bien !
On est accroché, je commence à courir et je décolle. Aucune peur, aucun vertige et le décor est fabuleux. Je suis trop heureuse. Je cherche Ax du regard et le mec derrière moi m’indique où il est. Il me demande si je veux faire des loopings qui secouent bien. Je lui dis “t’aimes ton job ? ”, il dit oui, Je lui rétorque “alors prenons le plus de fun possible”. Il commence à rire et il me dit “allez”. Il commence à faire des pirouettes, à valdinguer de droite à gauche. Le vent me fouette le visage, ça secoue bien, je kiffe même si du coup ça raccourcit le temps de vol. J’aurais aimé que ça dure plus longtemps.
J’atterris, je ne me rends pas encore compte de ce que je viens de vivre, mais je me sens trop bien et j’espère qu’on en refera bientôt. Ax a atterri, m’a donc vu atterrir et était trop heureux aussi. On repart en jeep après s’être remis de nos émotions. On prend aussi la voiture avec un des gars, car le bus ne passe pas et il ne vit pas loin de Manali. On se dit qu’il nous déposera à un endroit stratégique et qu’on prendra un tuk-tuk. Terrible… Entre la nausée de la jeep, les loopings, la voiture du gars, je descends et je vomis dans un tas de déchets en bord de route. Je remonte en tuk-tuk comme si de rien n’était. On arrive un peu patraque à la maison, mais anyway, la journée était folle.
les deux premières photos sont un bon avant/après
Les autres choses qui ont marqué notre séjour, c’est un restaurant sympa en bas de la rue qui était un bon moment à chaque fois, des bols de céréales Kellogg’s qu’on a trouvé dans un supermarché qui avait des produits importés, des balades dans la forêt en bas de la maison. On a aussi visité évidemment Hadimba Temple qui n’était clairement pas terrible, mais le monastère bouddhiste en bas de la rue était super beau. On y a fait une sieste au soleil, on a entendu les chants des moines et les peintures étaient magnifiques (photo et vidéo ci-dessous).
Par ailleurs, à côté de ce temple, il y avait un barbier et j’adore accompagner Ax là-bas, car les barbiers font pas mal de massage en le tapant. De l’extérieur, ça a l’air violent, mais apparemment, c’est agréable. Dans cette maison, nous avons testé plein de plats, on a super bien mangé et cuisiner m’avait énormément manqué. Et pourtant, on profite aussi du restaurant, un en bas qui était fabuleux. On y mangeait du poulet au miel sauté, des milk-shakes à la fraise délicieux et des pommes de terre coupées en chips frites sautées dans du miel et dans du piment et honnêtement, c’était une folie. Ce plat me manque. Nous y sommes allés pour Noël d’ailleurs, histoire de le fêter ensemble et après, j’ai appelé ma famille pour ouvrir les cadeaux en visio. On a d’ailleurs aussi passé le nouvel an dans cette maison ensemble. On a rien fait de spécial. J’ai eu mes parents au téléphone et j’ai commencé à entendre un feu d’artifice. Vous savez à force de me lire que j’adore ca. Ça me rappelle le Liban maintenant, tellement on en avait avec les voisins en freestyle chez eux. Les voisins ici en font aussi pour l’occasion du Nouvel An. On dirait qu’il y en avait pleins dans les vallées alentour. J’étais un peu déçue, car c’était moins bien que ce que j’aurais voulu, mais bon tant pis.
Je crois que mon dernier souvenir vraiment sympa de ce périple à Manali, c’est le moment où je suis descendue en ville toute seule. Je suis allée au magasin coréen trop mignon pour acheter une banane adorable à l’effigie d’un koala 🐨 que j’avais repérée. Je suis remonté en tuk-tuk avec dans mes oreilles la musique de pirates des caraïbes.
📌 Lien du resto
Les points négatifs de la maison étaient clairement le froid, le fait d’être un peu excentré, un chien hyper violent qui sans son portail nous aurait buté (je tremblais) mais grâce au shortcut, on pouvait sortir sans passer devant chez lui. Mais surtout les yacks en bas de la rue nous faisaient vraiment mal au cœur à devoir faire des tours avec des touristes sur le dos. Cet animal épique devrait être gambadant dans les montages et pas devant un temple pour les touristes. Mais bon apparemment, normalement, ils sont maltraités à porter du bois, de grosses charges dans le reste du pays et sont plutôt bien lotis ici. Ils devraient être libres mais bon.
Petite sélection de photos à Manali :
Le 20 janvier, c’est jour de départ, on nettoie toute la maison, on remballe tout. On part au Vietnam rejoindre Constantin à Hô Chi Minh. Nous sommes en direction du parking avec nos sacs chargés paré pour une nouvelle aventure. On attend le bus un long moment, il est bien en retard, on s’y attendait, et même une fois, dedans, on attend un temps infini. En même temps plein de mecs essayent de nous vendre des snacks dans des paniers. Mais des snacks genre des fruits coupés avec des poudres bizarres à disposer dessus, pas des biscuits.
Après tout ce bazar, le bus démarre avec deux heures de retard. Moi, je suis chill, je commence à discuter avec Ax, j’adore ces moments de conversation dans le bus. Je commence à écouter ma musique et je vois qu’Ax ne se sent pas très bien. Je lui donne un Doliprane, il se tient un peu la tête, il n’a vraiment pas l’air serein. Il se lève sans rien dire et part voir le chauffeur. Je ne relève pas, mais au bout de 20 min, je trouve le temps bien long. Je le vois assis à côté de lui et à sa tête, on voit que ça ne va pas. Je commence à comprendre qu’il a vraiment besoin de s’arrêter et je commence à rire. Le chauffeur accélère, il se gare et je vois Ax partir en courant. Je suis en fou rire. Je le vois revenir, ça a l’air d’aller mieux.
On repart, on arrive à 5h du matin. On est complètement éclatés, on n’a pas tellement dormi. Tous les conducteurs de tuk-tuk se jettent sur nous pour nous conduire quelque part. En même temps, on se fait vraiment déposer à côté d’une voie rapide, donc bon. Je n’ai pas envie de négocier trop longtemps, mais quand même. On monte dans un taxi en direction de l’aéroport avec un autre mec. On nous dépose après lui à l’autre terminal. Ax est de nouveau dans le mal, je repars en barre de rire, mais moins, car j’essaye de le soutenir aussi. On arrive à l’aéroport. Je scanne les billets et je passe au contrôle militaire pour entrer. Apparemment, on n’a pas les bons billets pour entrer. On me dirige vers le bureau de la compagnie aérienne avec Ax qui trépigne derrière. En allant au bureau de la compagnie un peu excentrée, des toilettes sont disponibles à côté. Il y part pendant que j’essaye de récupérer les tickets. Il m’a laissé son sac, soit une responsabilité que je déteste. J’attends dehors, il fait bien frais. Il est aux alentours de 6h du matin. Pendant que j’attends devant les toilettes, un mec arrive et rentre dedans. Il a une énorme kalash et je commence à suer un peu avec les yeux écarquillés. Je me décale, mais pas trop, car je veux récupérer Ax quand même. Il s’avère que c’était un militaire selon Ax, mais bon, il n’avait pas la tenue.
On repart pour passer les portiques et non en fait, on ne peut pas rentrer à 7h alors que l’avion est à 16h. On doit attendre au moins jusqu’à 10h. On négocie en vain et on attend dehors pendant 2h. Terrible. Heureusement, un petit stand vend du chocolat chaud et des muffins donc ça nous tient un petit peu au corps.
On finit par y entrer. Déjà, après 4h dedans, un peu de sommeil et de longues conversations avec un monsieur qui nous explique, l’avion est annulé, yes. On essaye de se faire rembourser, on lance la procédure, Ax a failli frapper un Indien, car ils nous passent tous devant et a un moment faut arrêter.
On prend un second avion. Je cherche le meilleur prix et on trouve un bon plan. On en a qu’un à prendre au lieu de 3 et le prix est bien. Faudra s’occuper de faire rembourser les 2 autres, mais bon avec un autre annulé aussi, ça devrait aller (Quelques mois plus tard : sachez qu’on a réussi à avoir un peu plus de la moitié, trop bien). On doit changer de terminal donc on prend un autre taxi. On arrive dans l’aéroport et c’est reparti pour 6h d’attente. On a peu dormi, je suis au bout. On passe le contrôle des bagages, on arrive derrière. On tombe sur un mcdo donc on y va. Le premier depuis 8 mois je crois bien. En repartant, un gars de l’aéroport qui conduit un buggy passe. Je l’interpelle et on commence à faire des tours de buggy dans l’aéroport, franchement, j’ai kiffé. On attend encore 1h en avion. On grimpe à bord, on est trop heureux. Je tape un maxi coma dans l’avion tout comme Ax. J’ai tellement soif que je suis en train de mourir aussi.
On atterrit à 6h, Constantin nous attend de l’autre côté. On n’a pas Internet, mais on le sait, il nous a prévenu la veille. On commence une file d’attente interminable pour la douane avec la hâte de découvrir un nouveau pays, de voir notre pote et de dormir surtout. C’est notre tour, on sort nos passeports enfin Ax sort le sien, car le mien est introuvable. Je vide mon sac, je retourne mes poches, on retourne son sac aussi, mais rien. Je ne panique pas trop, je pars en direction d’un guichet pour demander à ce qu’il aille voir dans l’avion, j’ai dû l’oublier.
Ax a attendu un moment, ils sont partis chercher. Il me dit qu’il va prévenir Constantin, car il attend depuis 1h30/2h quand même (1h de retard de l’avion, la file d’attente et le contretemps passeport). Je lui dis “à tout de suite” et il s’en va. J’attends le retour du personnel qui me dit qu’ils n’ont pas trouvé mon passeport. Je donne les indications de mon siège, toujours rien. Je commence à ne pas être bien. Je sors ma carte d’identité, ça ne sert à rien ici, le petit papier pour mon passeport ? Non plus. Bref, je suis bloquée.
J’arrive à obtenir un partage de connexion pour prévenir Ax qui ne se doute de rien. Il retourne son sac avec Constantin, moi aussi. On le fait au tel. On commence à se dire que c’est fini. Mon cœur bat à 100 à l’heure, mais j’essaye de ne pas perdre espoir. Premier réflexe, j’appelle tonton Cédric. Il a déjà voyagé ici, il s’y connaît bien et il est toujours calme. Il nous donne le parcours à suivre. Aller à l’ambassade, aller à la police de l’immigration et à la police tout court signaler le vol. Ax et Constantin se lancent en mission tandis que je suis bloquée entre les gens qui passent la douane, les vendeurs de carte SIM et les guichets. Rien à manger, juste de l’eau. J’appelle tout le monde, je suis en larmes, je me sens mal. Je vide et vide encore mes affaires des dizaines de fois, j’attends des nouvelles des garçons, ils doivent trouver des points wifi à chaque fois, j’ai acheté une carte SIM pour être sûre d’être joignable et appeler tout le monde. Les douaniers essayent de me faire signer des papiers pour m’expulser à New-Delhi. Poliment, je m’impose en disant que je ne signerais pas. Constantin m’avait dit qu’ils essaieraient de me mettre la pression. Une des hôtesses plus sympas que les autres vient s’excuser de la situation avec empathie et me demandent d’aller attendre un peu à l’écart. Je commence à patienter. À chaque fois qu’Ax m’appelle, j’ai un mince espoir qui s’éteint. L’ambassade est fermée, il faut envoyer un mail (spoiler, ils ont répondu 3 jours après), la police dit que l’aéroport n’est pas une zone qu’ils peuvent traiter et celle de l’immigration dit que dans l’avion, en zone de transit, ils ne peuvent rien faire. Cela fait 6 ou 7h que je suis ici. Ax me dit qu’il ne peut rien faire. Je suis en larmes, je lui dis d’aller à l’auberge se reposer et qu’on se tient au courant.
Je n’ai toujours rien avalé. La gentille hôtesse me propose de me ramener à manger. Il y a un ATM dans l’aéroport donc j’ai des Dong (la monnaie d’ici). Je lui donne l’argent et elle me ramène un bouillon avec des nouilles et du poulet super bon. Une jeune fille française vient discuter avec moi, elle ne le saura jamais, mais ça m’a fait du bien de parler avec elle.
Je suis désespérée, je regarde les billets retour et j’ai profondément envie de ne plus être sur terre. J’achète un billet à 800 euros direct pour Charles de Gaulle le lendemain matin à 6h, évidemment avec un immense pincement au cœur. Mes parents viendront me chercher. J’ai pleuré toute la journée, je n’ai toujours pas dormi, ça fait bientôt 3 jours sans nuit complète.
Je dois encore me battre 2h pour obtenir mon autorisation de passage sans mon passeport et revenir dans mon pays. Je suis en larmes dans l’avion avant de m’endormir. Le lendemain, j’arrive, je ne comprends rien à ma vie et j’ai l’impression d’être morte. Mes parents sont là, heureusement pour moi. J’arrive à Berneuil, aussi brutalement, j’avoue que je ne le vis pas très bien. J’ai promis à Alexandre de ne pas me laisser abattre donc j’essaye de me contenir. La vérité, c’est qu’il me manque, que je suis sous le choc, que je n’ai pas pu lui dire au revoir et que je ne le verrais pas pendant au moins un mois. Je commence les démarches avec l’espoir de repartir vite. Même si mon nouveau passeport arrive après deux semaines, Ax a déjà réservé son retour et de toute façon, je n’ai plus les moyens. Je m’avoue vaincu. Sachant que 3 jours après mon retour, un numéro inconnu du Vietnam m’a appelé, je me suis dit que c’etait Ax qui avait un souci. Et bien non, c’est un monsieur qui me dit qu’il a retrouvé mon passeport dans la rue et me donne l’adresse pour venir le chercher. Je m’effondre. Ça prouve au moins qu’on me l’a volée et que je ne suis pas folle. Il ne serait pas arrivé en dehors de l’aéroport tout seul avec ses petites jambes. Quel connard la personne qui a fait ça pour ne même pas le revendre. Il a gâché un bout de ma vie pour rien.
Nous sommes début mai, je suis rentrée le 21 janvier, ça fait donc 3 mois et quelques. Je n’ai toujours pas parlé de cet épisode et je mentirais si je vous disais que je n’avais pas pleuré en écrivant ces lignes. Je n’ai qu’une hâte : repartir. Nous nous sommes installés à Paris avec Alexandre, on a un petit appart superbe qu’on aménage progressivement. Le retour a laissé des cicatrices qui font encore vraiment mal. J’espère quelles finiront par se rétablir. En attendant, on vit ici. Je suis aussi partie en Suède et au Danemark une semaine histoire de mieux clôturer mes péripéties de voyage, ce sera le prochain article.
Ce qu’il faut retenir, c’est que j’ai eu de la chance de vivre tout ça et que ce n’est que le début, que j’ai la chance (et je suis infiniment reconnaissante) d’avoir des parents qui se déplacent un matin à 6h pour venir me chercher après 10 mois de voyage en urgence et qui essayent de ne pas être trop heureux de me voir, car ils savent que je suis au plus mal. Merci à vous papa et maman ❤️ Qu’ils nous ont aidés pour trouver notre chez-nous à Paris et qu’ils sont toujours là alors merci du fond de mon cœur pour ça.
Nous avons hâte de repartir avec Ax, on attend de se rétablir un peu, de faire des économies et notez bien que Hô Chi Minh me reverra et que j’irais prendre ma revanche en passant le portique de cette douane de malheur. C’est la fin des aventures de la partie 1 de “Allez XoXo”, notre début de tour du monde. Nous le reprendrons vite, j’espère et en attendant, je continuerais de venir écrire ici, mes escapades, mes week-ends et mes périples.
Merci à tous de m’avoir lu jusqu’ici alors que cet article paraissait interminable et merci à la famille d’Alexandre pour toute l’aide qu’ils ont fourni pour notre emménagement, pour l’avoir accueilli à son retour. Merci de m’avoir reçu pour que l’on puisse se voir après la déchirure qu’a été cette séparation brutale après 10 mois à être ensemble 24h sur 24.
Ce n’est que le début de notre rêve. Merci à tous.